Quel gâchis. Peut-on sérieusement penser qu’il y avait là de quoi justifier une rupture ?

Un beau gâchis

Dans un texte daté du 19/11/2013 et envoyé sur la liste le 20/11, le PCF annonce et explique sa rupture avec la dynamique Cergy à gauche vraiment, suivant en cela l’attitude du PG annoncée brutalement par internet le 16/11 et confirmée par voie de presse le 19/11.

A l’inverse du PG, ou plutôt de son seul représentant sur Cergy qui a toujours manifesté au sein du Front de Gauche son hostilité au projet unitaire, qui a été cohérent en ne participant jamais au travail collectif d’élaboration, qui a quitté théâtralement la dernière réunion de travail au bout d’une demi-heure, qui a préféré informer la presse plutôt que développer ses arguments devant ses partenaires, le PCF, lui, a incontestablement tenté d’aboutir à Cergy.*

Cette différence entre l’attitude du représentant du PG et celle du PCF était encore manifeste samedi matin 16/11 à l’occasion de la réunion d’un groupe restreint, dont le but était de parvenir à un accord de toutes les sensibilités pour la réunion 22/11. Il est donc hors de question pour nous de mettre sur le même plan Thierry Thibault qui arrive les mains dans les poches et part au bout d’une demi heure pour une question d’ego et Serge Chatelain qui vient avec un texte de deux pages, intitulé « Protocole d’accord pour la constitution de la liste Cergy à gauche vraiment Municipales mars 2014 » et travaille collectivement pendant deux heures dans un esprit constructif.

Alors que le travail avançait à grands pas, nous allons le montrer, il est difficile de comprendre pourquoi le PCF a choisi de rejoindre ce partenaire du Front de Gauche, pourtant transparent à Cergy, au lieu de poursuivre une tentative locale de regroupement beaucoup plus ambitieuse et riche de promesses.

Nous devons donc essayer, sans aucune polémique, de prendre un par un les points développés dans le texte du PCF.

Ce texte reconnaît que « le travail semblait porter ses fruits par l’adoption d’un texte commun et une conférence de presse ». Il reconnaît également que Françoise Courtin allait être acceptée en tant que tête de liste, ce qui répondait à la première des exigences exprimées par le PCF. Ce n’était donc pas rien. Certes il semble s’étonner que cela ne soit pas allé sans quelques hésitations de la part des partenaires. Il n’est pourtant pas difficile de considérer d’une part, que les forces du PCF ne sont plus telles que sa première place demeure évidente aux yeux de tous, au niveau local comme au niveau national (cf la dernière présidentielle) et, d’autre part, qu’il était légitime de penser que les mandats antérieurs de Françoise pouvaient entrer en contradiction avec l’esprit de rupture de la liste Cergy à gauche vraiment. Ce point a d’ailleurs été pris en compte par le PCF au cours du groupe de travail du 16/11, puisque Serge a été mandaté pour insérer une phrase explicitant davantage la raison du départ de Françoise de l’équipe Jeandon. Enfin, dernière reconnaissance des acquis, l’intitulé de la liste, qui n’a posé aucun problème majeur lors de la réunion du 12/11.

Donc en résumé, une conférence de presse où toutes les sensibilités se sont exprimées, un tract d’appel tiré à 15.000 exemplaires, dont le texte a été démocratiquement établi à la satisfaction de tous, une tête de liste PCF et un accord sur l’intitulé de liste.

Chacun devrait reconnaître que ce n’est pas mal pour « une première collaboration entre des organisations et personnalités aux histoires conflictuelles et aux orientations encore très éloignées ». Alors, qu’est-ce qui explique ce recul du PCF ? Et où sont ces « désaccords importants sur le fond comme sur la forme » ?

1) Ce serait la gauche dans son ensemble, « gauche de la gauche » et « extrême gauche » comprises que les électeurs s’apprêteraient à sanctionner, ce qui rendrait contre-productive toute attitude « plus à gauche que moi tu meures ».  

C’est un fait que la politique de classe menée par le PS, depuis l’élection de François Hollande, entraîne une confusion générale dans la population, dont l’expression la plus visible est ce qui se passe en Bretagne avec les bonnets rouges et qui nécessiterait d’ailleurs une analyse approfondie. Raison de plus pour défendre l’idée que la politique menée par le PS n’est pas à gauche, d’où l’intitulé de la liste, A gauche vraiment.

Quant à dire que la montée du FN est minimisée et ses raisons largement occultées, le sens de cette remarque reste obscur. Y aurait-il dans la montée du FN autre chose qu’une politique sociale au service du capital qui crée l’exclusion et a toujours conduit dans l’histoire à la recherche de boucs émissaires ? En tout cas, ce sujet n’a jamais été évoqué en réunion. En revanche la première phrase, mise en exergue dans notre tract, est claire : « A l’échelle d’un pays comme à l’échelle d’une communauté d’agglomération, la seule façon de battre la droite et l’extrême droite est de mettre en place une véritable politique de gauche sociale et écologique. »

Peut-on sérieusement penser qu’il y avait là de quoi justifier une rupture ?

2) Des nuances existeraient entre nous quant à l’analyse du PS et sur les conséquences qu’elles entraîneraient.

C’est vrai. Mais, soit elles sont irréductibles et, dans ce cas, la logique serait, comme en 2007, que le PCF se retrouve au premier tour avec le PS, soit elles ne le sont pas et on doit travailler à les réduire.

Pour ce qui est du deuxième tour, la discussion était en cours. Nous étions déjà tous d’accord pour affirmer publiquement que rien ne serait dit ou fait qui pourrait favoriser la victoire de la droite ou de l’extrême droite. D’ailleurs, samedi matin, après le départ du représentant du PG, un premier accord s’est fait sur la phrase suivante : « Les co-listiers, après discussion, mandateront la tête de liste pour qu’elle prenne une position explicite s’opposant à la conquête de la ville par la droite ».

Cela acquis, une discussion devait être menée ultérieurement sur une fusion après le premier tour, « dès lors évidemment que la nouvelle liste constituée prend en compte certaines de nos propositions et que l’on nous donne une juste représentation en fonction des résultats ». Cette discussion devait par exemple porter sur la présence du Modem, oubliée dans le texte du PCF et sur les points de notre programme à intégrer à tout prix.

Peut-on sérieusement penser qu’il y avait là de quoi justifier une rupture ?

3) Nous risquerions de « perdre notre boussole politique, à ne plus distinguer la politique nationale et la gestion locale, la gauche de la droite ».

L’existence même d’une liste intitulée Cergy à gauche vraiment, laissait penser que nous étions tous d’accord sur le constat qu’au niveau local, comme au niveau national, la politique menée par le parti socialiste n’était pas vraiment de gauche. La longue liste, donnée dans notre tract, de tous les services publics offerts à Véolia et à Vinci par la CACP, avec le soutien de la ville de Cergy, est un exemple parmi d’autres des analogies entre les choix du gouvernement et ceux de nos édiles.

Par ailleurs, notre engagement à battre la droite et l’extrême droite ne laissait aucun doute sur la distinction que nous faisons entre la droite et la gauche.

Peut-on sérieusement penser qu’il y avait là de quoi justifier une rupture ?

4) La tête de liste et ses colistiers risqueraient de se retrouver sous le contrôle d’un comité « extra-territorial »

Cette crainte, pour la première fois exprimée de la sorte, procède de deux problèmes différents.

a) Le texte fait référence à un « collectif agglo », dont le but serait de « mettre sous surveillance permanente la liste en constitution en le justifiant par l’argument qu’il est à l’origine du projet ». Or, ce « collectif agglo » n’existe pas, ou alors s’il existe, il comprend toutes les personnes et les organisations engagées dans la dynamique Agglo à gauche vraiment. Il y a eu effectivement des personnes qui se sont réunies pendant de longs mois et dont le travail a permis un regroupement large et inédit sur Cergy-Pontoise, constitué de trois sensibilités, pouvant elles-mêmes (c’est le cas du Front de Gauche) se diviser en sous-sensibilités. Il s’agit du Front de Gauche, du NPA et de ce que nous avons appelé des citoyens à gauche vraiment. Inventer une organisation clandestine, un « collectif agglo » qui oeuvrerait dans l’ombre, tout en revendiquant on ne sait quelle préséance, ne correspond en rien à la réalité.

b) Le terme « extra-territorial » relève lui d’une conception étroite de la politique qui établirait, dans une campagne municipale, une différence de statut entre ceux qui sont inscrits sur les listes électorales d’une commune et les autres.

Il n’a jamais été remis en question le fait que les membres de la liste étaient responsables juridiquement des décisions prises. Cela signifie-t-il pour autant qu’ils devraient devenir les seuls responsables politiques, reléguant les autres participants à la campagne au rôle, non dénué d’intérêt, mais néanmoins limité, de porteurs de seaux et de balais ? Cela signifie-t-il pour autant que des personnes non inscrites sur les listes électorales de Cergy ne pourraient pas participer à la campagne à Cergy s’il n’y avait pas de campagne Agglo à gauche vraiment dans leur commune d’habitation, ou alors en s’engageant à ne pas participer aux décisions politiques ? C’est absurde et contradictoire avec une juste remarque figurant au début du texte du PCF : «  La seule solution efficace c’est : rassembler les gens, sans les étiqueter à priori et leur demander leurs antécédents ».

Sur ces points touchant à l’organisation de la campagne, il avait été demandé à la fin de la réunion du groupe de travail du 16/11 à Christophe de faire parvenir à Serge des propositions consensuelles. Cela a été fait et montre bien que, même après le départ du représentant du PG, nous étions sans conteste animés de la volonté de parvenir à un accord.

Enfin, sur ce sujet, ajoutons qu’au moment où les communes sont désaisies de l’essentiel de leurs compétences, il est complètement à côté de la plaque de mettre des barrières locales dans des campagnes qui prendront toutes une dimension d’agglomération

En tout état de cause, une fois encore, on ne peut pas sérieusement penser qu’il y avait là de quoi justifier une rupture ?

5) On aurait assisté à « une attaque contre le responsable local du PG »

Qu’en est-il en réalité ?

Sur l’insistance du PCF, une discussion a eu lieu pendant le groupe de travail sur les noms à mettre en haut de la liste. La proposition de Serge, présentée comme « une ébauche à discuter » était la suivante : 1 Françoise Courtin, 2 Dominique Oudot, 3 Véronique Daniau, 4 Thierry Thibault, 5 Hélène Grummel, 6 Bruno Jacquin.

Cette proposition, chacun peut le constater, revenait à mettre dans les six premiers cinq membres du Front de Gauche et à éloigner des premières places une des trois sensibilités, celle des citoyens à gauche vraiment. Il a donc été demandé qu’un représentant de cette sensibilité figure en quatrième place, ce qui faisait reculer le PG en cinquième place si c’était une femme, en sixième si c’était un homme. C’est à ce moment précis que Thierry Thibault s’est levé, a déclaré que le PG se retirait du processus et est sorti. Ce qui était présenté par le PCF comme « une ébauche à discuter », devenait pour le PG une exigence à prendre ou à laisser.

Curieuses méthodes où un homme à lui seul parle au nom d’un parti et donne plus d’importance à sa place sur une liste qu’à la pérennité d’un regroupement unitaire.

Certes, comme le précise le texte du PCF, « ce sont les organisations qui choisissent qui elles mettent en avant pour les représenter ». Mais comment ne pas trouver a posteriori un rapport entre ce comportement destructeur et les négociations qui ont eu lieu à Cergy entre le PS et le PG, en contradiction avec la position nationale du PG, excluant par principe toute alliance avec le PS dans les grandes villes.

Le PG parti, avec ses faibles forces et son engagement pour le moins hésitant, on pouvait espérer que le PCF reste dans le processus unitaire. Il n’en a malheureusement rien été et nous le regrettons.

Après avoir sérieusement travaillé à l’unité de toute la vraie gauche, le PCF se retrouve aujourd’hui seul avec un allié qui a tout fait pour que cette tentative échoue. Le PCF espérait peut-être se replier sur le Front de Gauche. Il n’en sera rien puisque la GA, la GU, le MGP et des citoyens proches poursuivent la démarche unitaire A gauche vraiment.

Quel gâchis.

*Si l’on doit adresser des reproches au PCF, ils concernent plutôt l’agglomération où nous avons le sentiment que l’information a très mal circulé, voire pas du tout. Nous avons eu, en effet, dans de nombreuses communes, la mauvaise surprise de constater que des militants PCF n’étaient pas au fait de la dynamique Agglo à gauche vraiment (Menucourt,Eragny, Saint-Ouen l’Aumône, Jouy…). Nous avons constaté également que dans d’autres communes, c’est avant tout la dynamique Front de Gauche qui commandait (Osny).

 

Cergy le 23/11/2013

Des citoyens à gauche vraiment

 

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